Harmonie Suisse : cinq langues, une chanson

Imaginez un matin brumeux dans les Alpes suisses, le col du Saint-Gothard enveloppé de nuages, la visibilité réduite à quelques mètres. Tout autour, le souffle du vent, un murmure silencieux dans l’air des montagnes. Puis, soudain, comme par enchantement, le ciel se dégage, révélant une vue époustouflante.

Inspirés par cet instant de clarté, cinq musiciens venant de différentes régions de la Suisse et s’exprimant chacun dans sa propre langue ont entrepris un voyage musical extraordinaire. Leur objectif ambitieux ? Composer une chanson multilingue en seulement cinq jours.

Voici les Fabuleux Cinq :

  1. Christoph Trummer – Représentant la Suisse germanophone, Christoph apporte sa touche unique au projet.
  2. Chiara Dubey – Originaire de la Suisse italophone, Chiara apporte sa voix mélodieuse à l’ensemble.
  3. Marc Aymon – La voix de la Suisse francophone, Marc peint des tableaux vivants avec sa chanson.
  4. Mattiu Defuns – Avec sa voix rauque, Mattiu représente la région romanche des Grisons.
  5. La Nefera – Représentant les langues de la migration suisse avec l’espagnol comme langue maternelle, La Nefera ajoute une touche dynamique.

Ces cinq artistes excellent dans différents genres musicaux, du hip-hop au singer-songwriter en passant par le classique moderne, et chacun chante ou rappe dans sa langue maternelle.

Alors, comment cette chanson extraordinaire a-t-elle vu le jour ?

Imaginez le résultat de leur tentative de briser les barrières linguistiques qui entourent le légendaire Saint-Gothard grâce au langage universel de la musique.

« Plötzli chumi usem Nebel », « je vais sortir de la brume », « sevesin sur la nebla », « salgo de la niebla », « la nebbia » – voilà les vers chantés par les cinq collaborateurs dans leurs langues respectives.

« La brume enveloppait le col du Saint-Gothard, et elle nous a inspirés », explique Mattiu de la région romanche. « Ici en haut, nous avons réalisé que nous pouvions à peine voir nos propres mains devant nos yeux. Puis soudain, la brume s’est dissipée, et un paysage inconnu s’est ouvert devant nous. Cette expérience était une image appropriée que nous voulions intégrer dans notre chanson », ajoute Christoph Trummer.

Cette chanson parle de l’émergence de la brume, de la réunion, de l’échange et de la meilleure compréhension mutuelle. « Chacun d’entre nous a écrit son propre couplet, décrivant comment nous pouvions nous libérer des peurs et des préjugés que nous aurions pu avoir avant cette semaine commune », continue Christoph.

La création musicale peut commencer de la manière la moins musicale qui soit. Au début, tout ce qu’ils avaient était une toile blanche à l’hospice. Les idées se sont rassemblées. « Au début, nous avons beaucoup parlé. Nous voulions apprendre à nous connaître et à construire une compréhension mutuelle », partage Mattiu.

Le fait qu’ils parlaient tous des langues différentes n’était pas un obstacle insurmontable. « Mais je me suis pris à mélanger trois langues dans une seule phrase », confie Chiara Dubey. Cependant, l’allemand et le français sont devenus les principaux moyens de communication.

Parfois, ils passaient même à l’anglais lorsque le temps pressait. « Là, j’ai confirmé le stéréotype », dit Marc Aymon, de la région francophone, en riant. Parmi les langues nationales, il ne connaît que le français.

Quant à Mattiu, il ne parle pratiquement pas français. Mais il y a aussi le langage de la musique. « Dès que je gratte ma guitare, je trouve un langage que tout le monde comprend », ajoute-t-il. Chiara Dubey a apprécié le mélange des langues. « Mescoliamo un po tutte le lingue – nous mélangeons les langues et nous communiquons aussi par le biais de la langue de la musique », rapporte-t-elle avec un sourire.

En fin de compte, ces cinq voix diverses se sont unies en harmonie, brisant les barrières linguistiques et créant une belle chanson multilingue qui représente la riche diversité de la Suisse.

Photo: Swissinfo