Organ Mug, le son dans le sang

Morgan Organ Mug

Découvrez le parcours polyvalent de notre artiste du jour. Ingénieur son, producteur, compositeur, il jongle entre la musique, la bande-son pour le cinéma, et le mixage. Actuellement sur le stem mastering de l’album de Louis Jucker et la musique d’un documentaire, son parcours l’a mené de groupes de rock à des voyages en Asie qui ont façonné sa carrière solo. Son studio est son lieu d’inspiration. Ses influences varient de la musique électronique à des artistes renommés. Sa plus grande réussite ? Une vie comblée avec la femme qu’il aime dans un lieu enchanteur. Pour les cinq prochaines années, il oscille entre l’optimisme musical et le réalisme environnemental.

1 Que faites-vous actuellement dans la vie ?

En tant qu’ingénieur son, producteur, multi-instrumentiste et compositeur, j’ai plusieurs cordes à mon arc qui me permettent de me diversifier. Il m’arrive de composer de la musique ou de travailler l’habillage sonore pour des films, des documentaires, des courts-métrages et parfois du théâtre. Je fais également du mixage et du mastering pour des artistes de la région romande dont j’aime énormément le travail.

En ce moment, je suis sur le stem mastering du prochain album de Louis Jucker, mais également sur la musique d’un documentaire qui retrace un bout de vie de l’artiste de cirque et championne de paracyclisme Silke Pan.

2 Parlez-nous de votre parcours artistique.

J’ai d’abord joué durant mon adolescence dans différentes formations rock. Après cela, parallèlement à mes études universitaires en littérature et en cinéma où je passais la plus grande partie de mon temps au bar de l’université, j’ai exploré la musique électronique au sein du groupe expérimental lausannois No Plan from Outer Space. Quelques excès, suivis d’une crise existentielle, m’ont ensuite amené à quitter l’université pour entreprendre une formation d’ingénieur du son dont je suis ressorti diplômé deux ans plus tard.

J’ai alors quitté notre terre helvétique équipé́ de ma mallette d’ingénieur du son pour un long voyage en Asie. Pendant ce périple de neuf mois entre l’Inde et le Japon, j’ai mis au monde mon premier EP autoproduit que j’ai publié à Kyoto en 2015 sous le nom d’Organ Mug. Par la suite, j’ai publié plusieurs recueils sous ce pseudonyme qui ont connu un retour critique national et international et j’ai pu présenter mon projet sur des scènes dont je n’aurais même pas osé rêver.

3 Quel est votre activité préférée en Suisse romande ?

Il n’y a pas de frontière entre mon activité professionnelle et ma passion. C’est dans mon incroyable grenier réaménagé en studio, une place de jeu aux mille et un instruments, que je joue et travaille à la fois. C’est un incroyable privilège que de pouvoir vivre de ce qui me fait vibrer, de faire appel à ma créativité et de pouvoir m’exprimer à travers mon art. Je me considère vraiment comme un artisan, un façonneur de son qui chaque jour s’affine. Cette activité occupe une grande partie de mon esprit, de mon temps et de mon énergie.

Mais, comme toute chose, elle a aussi son revers. C’est une profession extrêmement solitaire. Je passe la plupart de mes journées seul dans mon studio sans voir la lumière du jour, face à un écran en écoutant une source sonore en boucle. Certaines personnes pourraient vite considérer cela comme de la torture. D’ailleurs, il m’arrive souvent après une journée de travail d’avoir une ritournelle qui continue de trotter en arrière fond dans ma petite caboche, alors que j’essaie d’avoir une conversation ou, pire encore, de dormir. J’ai donc une relation passionnelle avec la musique, parfois destructrice, parfois réparatrice.

4 Où trouvez-vous votre inspiration ?

Il y a tant de choses qui m’inspirent musicalement que je pourrais vous en parler jusqu’au petit matin. Pour faire court, je dirais que j’aime la créativité sous toutes ses formes, l’originalité, la démerde, l’étrange et l’onirisme. J’aime les autodidactes qui ne sonnent comme personne. Pour n’en citer que quelques-uns, je retrouve un peu de tout ça chez des artistes comme James Holden, Leila, Thom Yorke, Broadcast, Bibio, Molly Lewis, Tiny Tim, Adrianne Lenker, El Michels Affair, Mophono, The Gaslamp Killer, Miguel Atwood Fergusson, Aldous Harding, Clark, Moondog, The Books, Geoff Barrow, Jessica Pratt, et plus localement, Emilie Zoé ou encore Honey For Petzi.

Mais mes inspirations artistiques ne s’arrêtent pas uniquement aux artistes musicaux. Adolescent, je me nourrissais sur MTV de clips produits par des réalisateurs comme Chris Cunningham, Michel Gondry ou encore Spike Jonze. Leur esthétique respective ajoutait quelque chose de dingue aux morceaux et offraient aux artistes une stature quasiment divine. Les clips de It’s Oh So Quiet, Bachelorette et All Is Full of Love, tous réalisés pour Björk et chacun par un de ces trois créateurs, en sont la parfaite illustration.

5 Quelle est votre plus grande réussite jusqu’à présent ?

Aujourd’hui, je dirais que ma plus grande réussite c’est de partager ma vie avec la femme que j’aime depuis plus de douze ans dans un lieu que je trouve absolument magnifique. Nous venons d’emménager dans le domaine de la Ferme de Bois du Nant dans le village d’Eysins. Il s’agit d’un jardin d’Éden perdu au milieu des champs où nous avons pour seuls voisins de bons vieux amis. Psychologue, acteur, stand up paddleur, horticulteur, agriculteur, électricien, ouvriers du bâtiments et musiciens, nous formons une équipe soudée qui me semble pouvoir tout faire, à commencer par prendre l’apéro en fin de journée. Et pour couronner le tout, mon lieu de travail se trouve sur place. Je n’ai plus qu’à traverser une allée ornée de fleurs pour me rendre à mon studio. Je me sens extrêmement chanceux.

6 Quels sont vos projets pour les 5 prochaines années ?

Comme le raconte mon dernier album Solastlagia dans lequel je confesse mon chagrin écologique, je suis assez pessimiste en ce qui concerne l’avenir de l’humanité. Suffisamment même pour douter de ce qu’il adviendra ces 5 prochaines années. Et ce n’est pas l’état du monde actuel, ni ma récente lecture du résumé du dernier rapport du GIEC qui me rendent plus serein. Mais l’inaction de nos gouvernements et l’apathie généralisée des peuples face à l’urgence climatique forcent le déni. Et dans ce refus de prendre en compte une partie de la réalité de notre monde, mon souhait serait de pouvoir continuer à travailler dans l’univers de la production musicale jusqu’à la fin de mes jours. Mais une autre partie de moi, plus consciente, souhaiterait s’investir dans une forme d’adaptation au monde d’aujourd’hui et de demain et voudrait s’impliquer beaucoup plus pour la Ferme de Bois du Nant.

Pour plus d’informations sur l’artiste, visitez: www.OrganMug.com

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