La saison d’alpage et les bisses, candidats à l’UNESCO

Le jeudi 31 mars, la Suisse a déposé une demande pour inscrire la saison d’alpage sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. La réponse à cette demande aura lieu après une procédure d’évaluation qui durera près de 18 mois.

La saison d’alpage, une tradition emblématique

Mener du bétail en estivage sur des pâturages d’altitude est une tradition vivante attestée au moins depuis le Moyen-Âge. Entre mai et octobre, des bovins, des moutons et des chèvres sont conduits sur des pâturages d’altitude (entre 600 m et 2900 m) pour tirer parti du fourrage supplémentaire.

La saison d’alpage a été constamment adaptée aux conditions climatiques, sociales et économiques locales et elle permet de produire des denrées alimentaires de qualité pour lesquelles la Suisse est connue.

Des inalpes aux désalpes, des méthodes de production du fromage aux savoir-faire liés à la gestion des pâturages, de la fabrique artisanale d’ustensiles aux différents chants traditionnels, la saison d’alpage réunit tout un répertoire de coutumes, de savoir-faire et de rituels qui en font un patrimoine très vivant.

L’avenir de cette tradition soulève de nombreuses questions, par exemple sur la transmission de ces savoirs ou sur l’adaptation de cette pratique aux changements climatiques. Etablir le dossier de candidature a permis d’envisager les mesures concrètes à mettre en œuvre pour que cette tradition puisse se transmettre aux futures générations.

Les consortages de bisses et praires irriguées

La Suisse est également associée à la candidature multinationale « Irrigation traditionnelle en Europe : connaissance, technique et organisation », coordonnée par l’Autriche et associant sept pays. Cette candidature vise à valoriser les modèles traditionnels d’irrigation et de gestion de l’eau.

En Suisse, les cantons de Berne et Lucerne ainsi que les consortages de bisses en Valais (Oberwalliser Sonnenberge, consortages d’Ayent, de Lens, de Trient, de Nendaz et de Grächen) sont associés au projet les Wässermatten (prairies irriguées) de Haute-Argovie.

Les bisses sont des canaux d’irrigation historiques acheminent l’eau précieuse des torrents de montagne vers les champs, les vignes et les vergers. Nombre de bisses sont encore utilisés de nos jours et soigneusement entretenus. L’irrigation traditionnelle n’a pratiquement plus de valeur comme pratique agricole d’un point de vue économique. Néanmoins, cela représente un patrimoine culturel important, témoin d‘une pratique agricole en voie d’extinction.

La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

Cette convention se distingue de la Convention pour la protection du patrimoine mondial. La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel s’intéresse aux savoir-faire artisanaux, aux connaissances relatives à la nature et à l’univers ainsi qu’aux traditions vivantes comme les expressions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, les rituels et les événements festifs. Ce patrimoine illustre ainsi la créativité humaine et témoigne de toute la diversité des expressions culturelles à travers le monde.

Photo : Zinal, 2021 – Laura Guérin