Nicolas Sierro – entre Viber et Zappa

Nicolas Sierro Galixo

Le lieu et la personne vont parfaitement ensemble: le Rolex Learning Center à Lausanne avec son design futuriste et Nicolas Sierro, visionnaire et COO de l’entreprise Galixo.

Dans un monde de plus en plus interactif, les marchés se mélangent et pour les entreprises avec des ambitions internationales ce n’est pas facile de trouver une stratégie globale. C’est là où Nicolas Sierro et son équipe interviennent. Fondé en 2012 à Palo Alto en Californie, Galixo a aujourd’hui des bureaux à Singapour, Casablanca et en Suisse. Elle s’est spécialisée dans l’accompagnement de différents clients et start-ups sur les nouveaux marchés. Un exemple parmi d’autres : ils développent la marque Viber dans plusieurs pays asiatiques au niveau communication digitale et logistique sur le terrain.

Rencontre avec un Valaisan citoyen du monde, passionné par les nouvelles technologies et un grand musicien excentrique.

 

1. Que faites-vous actuellement dans la vie ?
En tant que COO de Galixo, je m’assure que mes collègues et nos clients travaillent de façon efficace ensemble, considérant que nous sommes distribués dans différents continents. C’est un bon exemple d’adaptation de nos habitudes confrontées aux possibilités des outils numériques, de l’accès au savoir, et des connexions omniprésentes.

Pour mes projets, je suis principalement impliqué pour des jeunes entreprises dans la création de nouveaux services et de leurs modèles d’affaires. Il y a aussi de l’accompagnement de transformation digitale pour des organisations plus importantes.

C’est toujours très motivant de pouvoir décliner plein de nouveautés, de tester en temps réel celle qui semblait la plus prometteuse, de voir un nouveau service lancé, une entreprise progresser, … et des sourires conclure ce genre de projet intense.

 

2. Pouvez-vous nous raconter l’histoire du projet Galixo ?
Constatant que beaucoup de nouveaux services avec des composantes tech, Internet et mobile n’avaient pas le succès escompté et qu’un grand nombre de startups avaient de la peine à survivre, nous désirions mutualiser les expériences et méthodologies éprouvées pour améliorer cette situation.

Comme ce domaine est devenu très complexe et très rapide, nous avons mis en place une équipe flexible d’employés et d’experts avec des compétences variées qui couvrent le spectre très large des domaines à maîtriser. Considérant que les technologies de communication rapprochent les pays, il en résulte une concurrence potentiellement plus grande, mais aussi plus d’opportunités comme de nouveaux marchés ou des recettes de succès d’autres entreprises.

Pour maîtriser cette composante multi-marché et multiculturelle, nous sommes présents en Afrique, en Europe et en Asie, avec notre siège principal à Singapour. Comme les racines et les expériences professionnelles précédentes des dirigeants sont suisses, notre historique et notre réseau induisent naturellement des projets dans la région (RTS-SSR, Forum de Davos, des startups à l’EPFL, et dernièrement zip.ch).

Une autre activité qui a le vent en poupe est le développement d’affaires dans de nouveaux pays, particulièrement pour des entreprises occidentales qui désirent s’implémenter en Asie, comme pour Viber dans 6 pays du Sud-Est Asiatique. Suite à de bons projets avec des investisseurs et pour des financements de startup, nous mettons en place une cellule dédiée aux Fundraising et Merger & Acquisition, tirant profit de nos expériences européennes et asiatiques.

 

3. Quel est votre endroit et/ou activité préféré en Suisse romande ?
J’apprécie particulièrement la montagne au-dessus de 2000m, lorsque les derniers arbres se raréfient et que le paysage devient plus austère et plus immuable. Cela permet de mieux relativiser la fugacité de ce que l’on croit être important. Cela m’amène naturellement à faire, avec mes proches, des balades inspirantes dans ce beau canton qui fête ces 200 ans cette année (fierté valaisanne oblige !).

Mais je profite surtout de marcher en plein air régulièrement, et habitant Vevey, je profite pleinement des différentes régions aux alentours.

Sinon j’essaie de me garder du temps pour regarder des films et séries, mais surtout pour mes diverses lectures : actualités technologiques et professionnelles, romans, bandes dessinées, et mêmes des sujets historiques sur Wikipédia (actuellement, les rois d’Angleterre et de France depuis la conquête normande).

 

Nicolas Sierro Galixo Internet

 

4. Au niveau culturel, quelle musique/quel artiste vous inspire le plus et pourquoi ?
Hum, très dur de n’en choisir qu’un, et déjà aussi entre la musique et la BD (Hergé, Goscinny, Moebius, …).

Mais, bon impossible de ne pas encenser FRANK ZAPPA ! (les majuscules parce que je suis un fan inconditionnel). J’aime sa musique et j’ai remarqué que lorsque je l’écoute je suis souvent tout simplement heureux. Je suis admiratif car il excelle comme compositeur, comme parolier, avec sa voix, et son jeu de guitare, mais surtout pour son œuvre et ses musiciens. Son œuvre, unique et très novatrice s’inspire des autres courants, mais Zappa n’a pas eu peur de créer en majorité ce qui n’avait pas été fait avant, même si cela fut (et est) très décrié et combattu. Il a gardé le cap et continué, certain de son authenticité.

Cela reste un modèle pour ce que je préconise souvent : la priorité du long terme sur le court terme, et il le résume avec « What is your conceptual continuity ? » (extrait de « Stink-Foot », album « Apostrophe (‘) »)

Ses musiciens ont fait partie de son « Band », ce qui correspond bien à ce qu’un chef de groupe doit faire. Il les a sélectionnés uniquement sur les critères relatifs au cœur de leur activité commune : la musique. Il les a bien mis en avant (disques et concerts). Ensemble, avec exigence, ils ont forgé leur succès. Et par la suite, tout musicien « qui a sur son CV : avec Zappa », est reconnu par la profession. Le vrai win-win pour tous les participants à cette aventure.

PS : Mon LP préféré : « Bongo Fury – Live in Texas », avec le solo final de «Muffin Man ».

 

5. Mots clé « Nouveaux médias » : Comment utilisez-vous les nouvelles technologies et comment influencent-t-elles votre quotidien ?
Je crois que qu’avec le temps le terme « nouveaux » ne s’applique plus. Les médias et technologies sont en constante évolution, et les canaux numériques en sont les locomotives. Je les utilise trop.

A la passion se rajoute l’alibi que c’est instructif et bénéfique pour mon activité professionnelle. Mais en effet, c’est du Google apps, FB, Twitter, Instagram presque en continu, sur smartphone, tablette, laptop.

Dès que je peux m’affranchir d’un objet, je priorise la version numérique. Mais pour les moments importants, avec les gens qui comptent, je déconnecte. Les services numériques ne sont pas le problème, bien qu’ils puissent accaparer la majorité de notre temps. Indépendamment de l’omniprésence de tous ces écrans, et cela est vrai je pense depuis longtemps, le danger est de ne se consacrer qu’à un groupe restreint d’activités.

Il y a aussi celui de ne plus découvrir de nouvelles choses, souvent plus par manque de temps que par manque d’intérêt. Mais je reste convaincu que l’accès aux connaissances d’Internet peut élargir nos champs de découvertes, et mieux nous aider à trouver ce que nous aimons vraiment faire. Bref à choisir ce qui correspond authentiquement à soi-même, à se réaliser dans ce qui nous correspond.

 

6. Quelle est votre plus grande réussite et/ou votre regret jusqu’à présent ?
Il y a 15 ans j’ai dirigé le lancement d’une solution de ticket mobile qui permettait par un simple SMS d’acheter sa carte journalière et de passer immédiatement le portillon du télésiège en activant le badge sans fil, sans faire la file d’attente à la caisse. Un succès pour la 1ère saison avec la station de ski partenaire : conférence de presse pour une 1ère mondiale et un prix pour l’innovation dans le domaine du tourisme.

Sans que je consacre une minute à la vente, une dizaine des plus importantes autres stations suisses de montagnes se sont annoncées pour réaliser le même service pour la saison suivante. Mais par la suite d’autres personnes ont décidé que le ticketing n’était pas une activité centrale et qu’on abandonnait.

C’était regrettable pour mon service, mais encore plus pour les synergies perdues avec tout le sponsoring orienté sports d’hiver vers le segment jeune. Il y a toujours du positif dans les situations difficiles : J’ai quitté cette entreprise la même année, pour aller travailler avec Raphael Dana qui est mon CEO actuel. Le timing était bon. Et détail amusant : l’année passée, cette entreprise a investi dans une startup, dirigée par un ami, active dans le ticketing de sport d’hiver…

 

7. Quels sont vos projets d’avenir pour les prochains 5 ans ?
Au niveau privé, nos 2 adolescents seront de plus en plus indépendants. Avec ma femme, nous pourrions très bien envisager d’habiter dans un autre pays. Cela dépendra aussi de mes orientations professionnelles.

Avec Galixo, une période de quelques années en Asie est envisageable. C’est sûr que cela restera dans la ligne de ce que j’ai décelé depuis longtemps pour moi : faire des choses variées avec plein de personnes différentes ; pas vraiment pour rester confiné dans la zone de confort, dans la monotonie. Mais peut-être que d’autres découvertes, rencontres vont susciter de nouvelles envies ? Je vais continuer à rester ouvert et flexible, prêt pour du changement…

 

Nicolas Sierro, nous vous remercions pour votre temps.

 

Nom : Sierro
Prénom : Nicolas
Nationalité : Suisse
Ville : Vevey
Profession : Chef de produit et chef de projet numérique
Web : Galixo.com

 

Nicolas Sierro Galixo Rolex Learning Center